Short Stories


 
Short Stories est un répertoire de petites formes – performances, installations, films, etc. – composées à partir de fragments d’œuvres antérieures ou de créations inédites.

Pour chaque pièce, Aurélien Dougé part d’un objet du quotidien (barre d’acier, ruban, etc.) ou d’une matière élémentaire (sel, glace, pierre, etc.), qui devient le catalyseur d’une recherche à la fois plastique, cinétique et sonore. Par des gestes simples, souvent empreints de jeu et d’enfance, l’artiste explore la porosité entre sujet et objet, entre vivant et inerte. Les Short Stories mettent au jour des phénomènes physiques qui nous entourent, souvent à la limite du perceptible. Par une approche sensible et épurée, elles invitent à prêter attention à des détails infimes – mouvements, sons, textures, variations de lumière – et remettent en question notre perception de l’espace, de la mémoire et du temps. Pensées pour des contextes très variés – centres d’art, musées, halls de théâtre, mais aussi espaces non conventionnels comme places publiques, friches industrielles ou paysages naturels – , les Short Stories se reconfigurent à chaque nouvelle présentation. Leurs dimensions, leur durée et le nombre de performeur·ses varient selon les spécificités du site d’accueil : architecture, acoustique, lumière, voire conditions météorologiques (présence de nuages, nuit, variations climatiques, etc.). Les Short Stories peuvent être programmées individuellement – chaque pièce constituant une création autonome – ou assemblées.

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Short Story #1 (Sel)

PerformanceInstallation

Short Story #1 © Olivier Miche

Durée : de 60min à 6h. Nombre de performeur·euse·s : de 1 à 3. Performance conçue pour centres d’art, musées et lieux non conventionnels silencieux. Public debout en déambulation libre.

Pour inaugurer son répertoire de petites formes in situ, centré sur le dialogue entre corps et matière, Aurélien Dougé prend pour point de départ un élément chargé de mémoire : le sel. Témoin silencieux des cycles naturels et des transformations invisibles, il devient le terrain de jeu de l’artiste qui, à partir d’un volume d’environ 300 kg, façonne des sculptures éphémères évoquant les architectures fragiles de l’enfance sur la plage – châteaux, digues, montagnes. Munis de pelles et d’entonnoirs en acier, un ou plusieurs performeur·ses viennent creuser dans ces formes, font passer le sel dans les entonnoirs et activent ainsi des « sabliers infinis ». La vitesse de l’écoulement du sel, le son brut et délicat des grains au contact du métal, façonnent l’écriture du geste, tout comme la lente métamorphose de l’installation. À mesure que les volumes s’effondrent et se recomposent, Short Story #1 ouvre un espace de méditation sensorielle sur l’impermanence et le renouvellement.

Dates :

1 – 5 mai 2024, Andata.Ritorno, Genève (CH)
21 – 22 sept. 2024, Musée des Beaux-Arts, Marseille (FR)
4 – 5 oct. 2025, MAC VAL, Vitry-sur-Seine (FR)

Short Story #2 (Barre d'acier)

Performance

Short Story #2 © Aurélien Dougé

Durée 20 min. Nombre de performeur·euse : 1. Performance conçue pour centres d’art, musées, halls de théâtre ou lieux non conventionnels (places publiques, friches industrielles, paysages naturels). Public debout ou assis en quadrifrontale.

Short Story #2 explore cette zone grise où le mouvement cesse d’être une action pour devenir une conséquence, où la volonté s’efface derrière la logique des forces. Dans cette pièce, Aurélien Dougé s’allie à une barre d’acier longue de cinq mètres. Ancré dans une rotation continue, il déploie une partition chorégraphique rigoureuse faite de bras et d’angles, instaurant un dialogue hypnotique : est-ce le danseur qui agit sur l’objet, ou l’inertie de la barre qui entraîne le corps dans sa trajectoire ? Chaque infime variation – hauteur, rythme, orientation – vient déséquilibrer l’ensemble, générant un état de tension où fatigue et précision cohabitent. Entre présence incarnée et fonction mécanique, le performeur glisse peu à peu de la position de sujet à celle de vecteur, de médium, d’instrument traversé par des forces subtiles qui le dépassent.

Short Story #3 (Ruban)

Installation

Short Story #3 (Dispositif) © Aurélien Dougé

Durée 15 min. Sans performeur·euse. Installation conçue pour centres d’art, musées et scènes de théâtre au repos. Obscurité nécessaire. Public debout ou assis.

Aurélien Dougé s’attache à faire image avec les phénomènes les plus fugaces, les plus volatils. Pour cette installation – fragment de son solo Aux lointains, créé en 2024 – il met en scène un ruban métallique suspendu, glané lors d’une résidence de recherche au Japon, mis en mouvement par un courant d’air artificiel, éclairé par un projecteur à gaz. À intervalles réguliers de 15 minutes, la lampe s’allume puis s’éteint. Pendant son cycle d’allumage, d’environ 10 minutes, le gaz chauffe progressivement, le spectre lumineux évolue, traversant différentes teintes – du vert au bleu, avant de se stabiliser dans un blanc intense. L’ondoiement du ruban, son reflet, son ombre projetée et le halo de lumière composent un tableau mouvant, presque immatériel. Short Story #3 ouvre un temps de contemplation proche de l’hypnose

Short Story #4 (Cailloux)

Performance

Short Story #4 (Croquis) © Aurélien Dougé

Durée : environ 25min. Nombre de performeur·euse·s : 2. Performance conçue pour centres d’art, musées, halls de théâtre ou lieux non conventionnels (places publiques, friches industrielles, paysages naturels). Public debout en déambulation libre.

Derrière chaque Short Story, Aurélien Dougé interroge notrerelation au temps. Short Story #4, extrait de l’installation-performance Hors-sol (2022), est sans doute celle qui l’exprime avec le plus de clarté. Cette performance pourrait évoquer le mythe de Sisyphe, dans une forme à la fois simple et implacable. Dans un espace vide, un·e performeur·euse dépose, à intervalles réguliers – tous les mètres, en quadrillage – des cailloux roses récupérés sur une voie de chemin de fer. Tandis que le geste s’installe, un·e second·e intervenant·e le·la rejoint et entreprend le mouvement inverse : ramasser les pierres une à une, les glisser dans ses poches. Les actions – poser, ramasser – se superposent, jusqu’à ce que les deux protagonistes se croisent. Un jeu s’installe, stimulant l’attention de l’observateur : qui s’arrêtera le premier ? Les rôles vont-ils s’inverser ? Comment ce cycle va-t-il se dénouer ? Les performeur·euse·s choisissent parmi plusieurs options travaillées, laissant place à une part d’aléatoire et de réécriture. Avec Short Story #4, Aurélien Dougé transforme un élément simple — des cailloux — en vecteur de lien et d’attention.