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Bruit

BRUIT
Marche sensorielle + Installation + Performance
2021, Flux Laboratory / Fête de la danse, Genève, Suisse



Aurélien Dougé, Bruit (vue et détails de l'installation), Flux Laboratory (Suisse), mai 2021 © Olivier Miche


 
 

Aurélien Dougé, Bruit (marche dans la ville en duo), La Comédie de Genève (Suisse), juin 2022 © Olivier Miche




Conception, installation et performance : Aurélien Dougé Collaborateur artistique son : Rudy Decelière Guides : recruté.e.s localement Durée : 60 min environ Production : Inkörper Administration : Melinda Quadir Production et diffusion : Aurélien Dougé Soutiens à la création : Département de la culture et de la transition numérique de la Ville de Genève ; Fête de la Danse - Genève ; Fluxum Fondation ; Fonds d’encouragement à l’emploi des intermittents genevois (FEEIG) Soutiens à la diffusion : Pro Helvetia – Fondation Suisse pour la culture, République et Canton de Genève, Corodis.



Avec Bruit, Aurélien Dougé propose à une personne à la fois, une balade dans la ville, en silence, les yeux fermés. Le·a participant·e, se laisse conduire pendant une heure dans différents espaces publics et privés : rues, jardins, parking souterrains, immeubles, magasins, musées, etc. La pratique qui donne à expérimenter ce qui s’opère sous la surface du visible, débute, tranverse ou se termine dans une installation modulable composée de près de 300 kg de confettis noirs et de murs en papier de plusieurs mètres de haut. Dans l’obscurité, à l’aide de planches en bois, Aurélien Dougé génère des courants d’air, les éléments volatils s’animent, ouvrant un nouveau paysage sonore et imaginaire. Depuis sa création en mai 2021, au Flux Laboratory de Genève dans le cadre de la Fête de la Danse, l’expérience Bruit s’est déployée à la Comédie de Genève (juin 2022) et à Plateforme 10 / Photo Elysée à Lausanne (mai 2023). A chaque fois, Aurélien Dougé travaille avec des guides/performeur·se·s locaux·ales.

En savoir plus


Peux-tu nous présenter Bruit et nous expliquer comment s’organise cette expérience ?

J’ai créé Bruit en mai 2021 à Genève dans le cadre de la Fête de la Danse. Depuis, j’ai développé la proposition pour la Comédie de Genève (juin 2022) et pour Plateforme 10 — Photo Elysée à Lausanne (mai 2023). Bruit est en premier lieu une pratique de marche dans l’espace urbain entre un·e spectateur·ice – participant·e qui a les yeux fermés et un·e performeur qui le guide pendant environ 1h. Au cours du parcours, le duo traverse également une installation plastique et sonore, entièrement constituée de papier, dans laquelle je performe.

Comment écris-tu le parcours de chaque duo dans la ville ?

Les parcours des duos ne sont pas écrits/déterminés à l’avance, tout comme il n’y a pas de lieu à atteindre pour la fin. Le mouvement de la marche, son rythme, ses arrêts, son itinéraire, s’effectue au cours de l’expérience. Il faut savoir que Bruit s’accomplit sans parler, par conséquent, pour avancer, les binômes doivent développer un dialogue corporel qui se transforme en permanence au gré des situations, des ambiances et des éléments rencontrés. Avec Bruit, l’idée n’est pas de faire une visite guidée, mais d’explorer la ville, l’appréhender comme un terrain hétérogène de textures plutôt que de formes. Autrement dit, le rôle du.de la performeur – guide est non seulement d’assurer une certaine tranquillité du·de la spectateur·ice – participant·e dans la situation, mais aussi de partager son expérience personnelle du tissu urbain en déployant les compétences perceptives du.de la participant.e. En ce sens, il.elle éveille, sollicite, en improvisant un parcours qui rende sensible aux matériaux, aux odeurs, aux sonorités, aux seuils de lumière, aux températures, etc.

Peux-tu nous en dire plus sur l’installation plastique et sonore de Bruit ?

Pour la création de Bruit, et particulièrement la conception de l’installation, je me suis intéressé à la notion de paysage. Un livre a profondément nourri ma recherche : Vivre de paysage ou l’impensé de la raison (2014, Éditions Gallimard) de François Jullien, philosophe, helléniste et sinologue français. En bref, dans cet ouvrage, Jullien invite à nous dégager de notre conception occidentale du paysage, « pliée » selon le couplage sujet-objet, pour le penser autrement, par exemple à la manière chinoise. En chinois, le paysage se dit « montagnes-eaux » ou « (vent)-lumière », il n'est pas une affaire de « vue », mais de vivre. De là, et pour traiter ce procès d’échange et d’interaction visible et invisible qui constitue le paysage en Chine, j’ai commencé à m’intéresser au papier, à la fois pour ses qualités plastiques et sonores. L'installation est entièrement constituée de ce matériau.

Que se passe-t-il dans cette installation ?

A l’aide de planches en bois de différentes dimensions, je génère des courants d’air. Les éléments en papier s’animent et créent à leur tour du son. À travers un geste simple, assez lent et répétitif, j’élabore en direct une partition sonore qui joue avec les limites perceptives des visiteur·euse·s tout en ouvrant l’imaginaire. En même temps, je transforme plastiquement l’espace, tout comme les duos et parfois les spectateur·ice·s qui investissent la pièce.