aureliendouge

 
Pour écrire Aux lointains, Aurélien Dougé s’est rendu au Japon et dans les Alpes suisses. Il y développe des protocoles de marche pour observer ce qui, d’ordinaire, nous échappe : trajectoires, micro-événements, gestes anodins, phénomènes ténus. De cette matière discrète émerge un solo suspendu, où le corps réactive, transforme et relie ces fragments d’expérience. Sur un plateau dépouillé, le danseur déploie une partition chorégraphique rigoureuse, presque topographique. Porté par les vibrations d’un orgue positif – joué hors champ par Rudy Decelière – il creuse le vide, comme si chaque geste cherchait sa propre mémoire. Au fil des répétitions apparaissent des motifs : rémanences, traces, échos d’un ailleurs dessinant un territoire sans cesse en train de se recomposer. Dans la continuité de ses recherches sur les relations entre corps et matière, l’artiste confère à des éléments simples une présence quasi magnétique. Cinq anciennes lampes industrielles à gaz diffusent une lumière fragile et instable ; un ruban métallique scintille ; quelques pierres glanées au fil de ses itinérances deviennent des partenaires silencieux qui orientent la dramaturgie. Progressivement, un nuage se forme – résultat d’un subtil jeu de flux d’air et de la présence du public. Suspendu, insaisissable, il condense l’esprit de la pièce : rendre visibles les forces qui circulent entre les corps, les matériaux et les lieux. Aux lointains apparaît alors comme un théâtre de phénomènes, où la moindre vibration devient signe et où l’infime acquiert une puissance d’apparition.

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